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Château de Chinon

Le site de la forteresse est occupé depuis trois mille ans, comme l’ont révélé les fouilles archéologiques récentes. Il faut attendre la fin de l’époque gauloise pour connaître un peu ses habitants. Un aristocrate guerrier gaulois a érigé sa demeure à l'emplacement de l'actuel fort Saint-Georges. Les archéologues ont retrouvé le fossé carré qui lui servait d’enceinte. À l’intérieur prenaient place des maisons particulières, des bâtiments agricoles, et un espace politique et/ou culturel. Le propriétaire des lieux fut enterré juste devant, avec sa grande épée, privilège accordé par César aux vétérans de ses troupes auxiliaires indigènes. On peut la voir dans la salle d'archéologie du musée. À l’époque gallo-romaine, Chinon est déjà un petit bourg. Sur la hauteur, des constructions en pierre ou plus modestes, en torchis, se développent. Le secteur de la tombe gauloise cède progressivement la place à un petit cimetière, qui restera en usage jusqu’au xe siècle. 

Dans le contexte de la fin de l’Empire romain, le promontoire est fortifié et devient un castrum évoqué par l’historien Grégoire de Tours. Une muraille de 2,40 m d’épaisseur est construite. Pour ses fondations, de gros blocs de pierre sont récupérés sur les bâtiments antiques. Cette enceinte devait comporter une douzaine de tours. Grâce à elle, Chinon, qui faisait alors partie du royaume des Wisigoths, résiste à un siège mené par Aegidius, général romain, en 463. Le promontoire ainsi fortifié continue d’être occupé aux époquesmérovingienne et carolingienne. De vastes silos enterrés et des bâtiments utilitaires de cette époque ont été retrouvés. Chinon est alors un chef-lieu de viguerie, et abrite un atelier monétaire royal aux viie et xiiie siècles ; puis, de 920 à 954, la menace viking n’étant pas écartée, on y transfère celui de Tours.

Le château proprement dit prend forme entre le vie et le xe siècle. Il comporte un logis comtal et une tour. Protégés par une enceinte séparée, ils sont localisés à l’extrémité est de l'actuel château du milieu. Cet ensemble est distinct de la basse-cour située plus à l’ouest. Elle contient les installations économiques et artisanales nécessaires au fonctionnement du château (silos, bâtiments…). Au xe siècle, la forteresse est tenue par les comtes de Blois, grands vassaux du duc des Francs puis du roi des Francs. Le premier et le plus puissant d’entre eux, Thibaud Ier dit « le Tricheur » devient comte autour de 942 et le demeure jusqu’en 974. Il fait édifier une tour en pierre en 954. Pour renforcer la capacité défensive du château, il l’entoure d’une enceinte propre qui l’isole du vieux castrum. Alors que le château est un enjeu territorial entre les comtes de Blois et d’Anjou, des transformations importantes ont lieu dans la première moitié du xie siècle. Pour augmenter la superficie, un rempart plus vaste est construit, et un prieuré est fondé à l’intérieur du château.

Au xe siècle, les comtes d’Anjou menacent fortement la puissance des comtes de Blois. Ils s’emparent de la Touraine en 1044 : le château de Chinon est cédé à Geoffroy Martel. Il meurt sans enfant en 1060. Son neveu Foulques IV lui succède. Il réussit à rétablir peu à peu son autorité sur ses vassaux particulièrement indisciplinés. C’est sans doute à Foulques IV que l’on doit l’achèvement de la nouvelle enceinte de la forteresse. Il lève notamment des impôts à cette fin, entre 1087 et 1105. À sa mort en 1109, l’Anjou atteint à peu près sa configuration définitive. Ses puissants voisins sont le roi de France, le duc d’Aquitaine et le duc de Normandie. Son petit-fils Geoffroy le Bel adoptera le surnom de Plantagenêt que conservera la dynastie et notamment son arrière-petit-fils : Henri II. C’est le début de la suprématie angevine qui durera jusqu’en 1205, date à laquelle le château sera conquis par le roi de France Philippe Auguste.

Henri II Plantagenêt est désigné héritier de la couronne d'Angleterre le 6 novembre 1153 par le traité de Wallingford. Au moment où le territoire Plantagenêt atteint son apogée, il s'étend des Pyrénées à l'Écosse4. Afin d'assurer l'unité de son empire nouvellement constitué, Henri II va faire de Chinon sa capitale continentale5. C'est à partir de ce moment que le château va prendre les dimensions qu'on lui connaît aujourd'hui. Du mariage entre Henri II et Aliénor d'Aquitaine naîtront pas moins de 8 enfants. Notons que parmi ces huit enfants se trouvent 5 héritiers mâles. Deux d’entre eux deviendront roi : Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre. En comparaison, les amours de Louis VII apparaissent nettement moins fructueuses puisqu'il faut attendre son troisième mariage pour que naisse enfin l’héritier de la couronne de France : le prince Philippe (en 1165) surnommé Dieudonné en raison de sa venue au monde inespérée. Henri II Plantagenêt entrepose à Chinon une partie du trésor royal. Il y séjourne fréquemment entre 1160 et 1180 et y tient pour la dernière fois sa cour de Noël en 1172, entouré de sa femme et de ses fils qui se disputent déjà son héritage territorial. En 1173, il écarte Aliénor du pouvoir et la fait enfermer dans la forteresse de Chinon, avant de l’envoyer en résidence surveillée en Angleterre. Le château de Chinon sera aussi la dernière demeure d'Henri II : abandonné de ses enfants, il y meurt en 1189. Sa grande réalisation à Chinon est la construction du fort Saint-Georges et d'un palais en son sein. Ce palais est composé de trois ailes perpendiculaires à un corps de bâtiment parallèle à la Vienne. Il possède une chapelle, dédiée à saint Georges. Cet ensemble est articulé autour de plusieurs cours. Il est protégé par une simple enceinte, sans tours, mais dans laquelle on pénètre par deux portes monumentales, à l’est et à l’ouest. Celle de l’ouest est la mieux connue. Il s’agit d’une tour-porche rectangulaire, qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel bâtiment d’accueil du fort Saint-Georges. À cause du relief naturel, son seuil était situé quatre mètres plus bas que les bâtiments du palais, auxquels menait une rampe d’accès. Seuls les piétons et les cavaliers pouvaient emprunter ce passage, car la porte était trop étroite pour des chariots. Ce palais a été mis au jour entre 2003 et 2005 lors de fouilles archéologiques. Il n’était pas connu auparavant. C’est une découverte très importante, car il y a très peu de palais de cette époque qui sont parvenus jusqu’à nous. Les vestiges sont actuellement préservés sous un jardin. Le rempart dominant la Vienne est encore visible et a été restauré dans toute sa majesté.

Sacré roi du vivant de son père en 1179, Philippe s'efforce de poursuivre la politique de Louis VII en l'érigeant en véritable stratégie diplomatique : prendre le parti du faible contre le fort. Philippe s'allie à Richard et Jean contre leur père. Après la mort de son frère Henri le Jeune, Richard devient l'héritier à la couronne d'Angleterre. Cela entraîne une réorientation des alliances de Philippe Auguste. C'est la raison pour laquelle Philippe prend désormais le parti de Geoffroy, le quatrième fils d'Henri II, contre Richard. Cependant, la mort prématurée de Geoffroy en 1186 porte un coup d'arrêt à cette stratégie. Des cinq fils d'Henri II, seuls deux sont encore en vie : Richard et Jean. Philippe n'a d'autre choix que de faire la paix avec Richard. De cette paix va naître une amitié entre les deux seigneurs qui inquiète Henri II. Philippe a tôt fait de persuader Richard que son père désire le déshériter au profit de Jean. Dans la foulée, Richard prête serment au roi de France pour les possessions continentales des Plantagenêt qu'il considère désormais comme siennes. Et c'est en alliés que Richard et Philippe s'empressent de mettre le siège devant les places encore fidèles à Henri II. Après avoir fui Le Mans, ce dernier se réfugie à Chinon, sa forteresse principale. Il meurt peu de temps après, le 6 juillet 1189. Richard devient alors le maître incontesté de l'empire Plantagenêt.

Le nouveau roi d'Angleterre ne jouit pas longtemps de ses possessions dans la mesure où l'appel à la croisade le somme de délivrer Jérusalem de Saladin. Richard noue un pacte de non-agression avec Philippe afin qu'aucun des deux ne profite de la croisade pour faire main basse sur les possessions de l'autre. Philippe rentré en France avant Richard, rompt le pacte et se décide à passer à l'action en 1193 en attaquant Gisors et le Vexin normand. Sur le chemin du retour, Richard est fait prisonnier par l’empereur Henri VI. Il n’est libéré qu’en 1194, contre une rançon conséquente. En son absence, c’est sa mère qui gouverne, mais elle ne peut empêcher son frère cadet de profiter de la situation. Jean s’est allié au roi de France et lui a cédé une partie des possessions continentales des Plantagenêt. À son retour, Richard est donc forcé de mener une politique de reconquête avec, comme élément emblématique, la construction du «Château-Gaillard». Richard en profite également pour mener ses armées vers le sud pour mater des vassaux indisciplinés, notamment le seigneur de Châlus qui avait prêté serment d'allégeance au roi de France pendant la croisade. C'est au cours de ce siège que Richard est blessé ; il meurt le 6 avril 1199. Jean sans Terre peut alors ceindre la couronne d’Angleterre. Il renforce les défenses du château pour résister à la pression de son rival, le roi de France. Il fait notamment fortifier le fort Saint-Georges qui devient un poste avancé protégeant le château principal depuis la route de Tours. Dès 1200, Jean Sans Terre qui a conscience de l’importance stratégique de Chinon, prépare le château à la guerre : les travaux de fortifications sont menés par l’ingénieur Urri. Tours et remparts sont créés et renforcés, l’extrémité occidentale du promontoire est isolée par une douve et devient le fort du Coudray.

Peu de temps après, Jean organise le rapt d'Isabelle d'Angoulême, pourtant promise à Hugues de Lusignan, et l'épouse en grande pompe à Chinon. Se faisant l'écho des plaintes de Hugues de Lusignan et tirant parti de sa parenté avec Isabelle d'Angoulême, Philippe prend prétexte de cet incident pour confisquer les possessions continentales des Plantagenêt. Ainsi, Philippe part en guerre contre Jean. À l’automne 1204, les armées du roi de France mettent le siège devant la forteresse. Philippe Auguste prendra le château le 23 juin 1205, après un siège de neuf mois. Au lendemain de sa victoire, Philippe Auguste décide d'accroître les capacités défensives de la forteresse. De fait, elle est aux portes du Poitou, lequel est encore sous domination Plantagenêt ! À l’instar des autres châteaux du royaume, il y applique l’architecture normalisée qui est sa marque. Outre le donjon philippien du Coudray, les remparts sont renforcés par plusieurs tours de flanquement circulaires renfermant des voûtes en ogives. Elles sont munies d’archères ménagées dans l’épaisseur totale du mur (contrairement aux archères à niches Plantagenêt). Un soin particulier est porté aux accès. L’entrée principale du château est rendue monumentale par la construction de la porte des Champs, entre le château du Milieu et le fort Saint-Georges. Il s’agit d’un véritable châtelet d’entrée défendu par deux grosses tours circulaires, muni d’une herse et précédé d’un pont-levis. Le donjon du Coudray est aussi l’élément d’un châtelet d’entrée du même type, mais à une seule tour. La tour-porte de l’Horloge est remaniée pour accueillir une herse. Enfin, deux poternes sont aménagées: l’une est reliée par un souterrain au donjon du Coudray, l’autre s’ouvre dans le rempart nord et débouche dans la douve qui sépare le fort du Coudray du château du Milieu.

Entre le 18 et le 20 août 1308, le château de Chinon est le théâtre d’un événement important de l’histoire de l’ordre du Temple. Cet épisode s’inscrit dans le cadre d’une lutte de pouvoir entre le roi de France Philippe le Bel (1268-1314) et le pape Clément V. Dans le but de confisquer l'or des Templiers, le roi charge Guillaume de Nogaret de collecter des témoignages ayant trait aux déviances de l'ordre. S'ensuit un procès où la torture a tôt fait d'arracher des aveux qui vont bien au-delà des accusations initiales9. Les Templiers admettent ainsi avoir craché sur la croix, succombé au péché de fornication etc. Afin de mener son procès comme il l'entend, le roi s'ingénie à maintenir le pape à l'écart. Plusieurs mois après avoir ordonné l’arrestation de tous ses membres, Philippe le Bel accepte d’envoyer soixante-quinze templiers devant le pape à Poitiers. Mais, en cours de route, le roi fait retenir au château de Chinon les quatre dignitaires de l’ordre, dont le grand maître Jacques de Molay, dans le but de faire échouer toute tentative d’absolution par le souverain pontife. Le pape décide alors d’envoyer au château de Chinon trois cardinaux chargés d’interroger les dignitaires afin de les réintégrer au sein de l’église catholique. Cette entrevue a fait l’objet d’un compte-rendu, dont l’original est resté secret jusqu’en 2001. Le parchemin de Chinon est l’acte authentique qui résulte de cette entrevue, et par lequel les dignitaires confessent leurs fautes préalablement à leur absolution. Mais le roi n’a pas tenu compte de ce repentir et finit par les faire condamner au bûcher.



Источник: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Chinon
Категория: Долина Луары | Добавил: Shalev (04 Окт 2012)
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